Rapports scientifiques

Interplast-Germany e.V. est une association de chirurgiens plasticiens qui, au lieu de prendre des vacances, passent leur temps libre à opérer dans des pays en développement où les gens n'ont pas accès aux soins chirurgicaux dans cette spécialité. Interplast-Germany a été fondée il y a 40 ans à Francfort. Aujourd'hui, environ 70 équipes se réunissent chaque année pour opérer plus de 4000 patients dans le monde entier.

Manque de soins médicaux et d'éducation au Congo
Le Congo est un pays négligé du point de vue médical : six fois plus grand que l'Allemagne, mais avec une population similaire de 90 millions^*,, il est encore au même niveau que l'Europe il y a 150 ans. La corruption des gouvernants et 60 ans de guerre civile ont empêché tout développement et tout investissement extérieur.

Il y a peu de médecins (un pour 10.000 habitants ?) et surtout peu de chirurgiens. Dans la plupart des universités africaines, les assistants en formation doivent payer des frais élevés pour pouvoir assister. En Afrique subsaharienne, il n'est donc pas rare que des tumeurs bénignes et malignes se développent chez les patients et tuent leurs porteurs.

Interplast intervient à Goma
Avec une équipe d'Interplast, nous nous sommes rendus à six reprises entre 2015 et 2018 à Goma, une ville de deux millions d'habitants située à la frontière avec le Rwanda. N'étant autorisés à opérer dans aucun des trois grands hôpitaux locaux, nous avons trouvé une banque de sang avec une salle d'opération sommairement équipée, sans eau courante et avec de fréquentes coupures de courant.

Katja Kassem-Trautmann, Spécialiste en Chirurgie Plastique, Reconstructive et Esthétique (FMH)

Patiente présentant une chéloïde unilatérale suite à l'ifnication d'un clou d'oreille.

Chaque matin, jusqu'à 200 patients et leurs familles se présentaient à l'entrée, et nous avons pu soulager entre 120 et 200 d'entre eux de leurs souffrances extérieures pendant les 10 jours de notre séjour, en fonction de leur degré de gravité. Des collègues médicaux engagés nous ont assistés à Goma.

Tumeurs, contractures de brûlures et infections tropicales

La majorité des patients africains de Goma présentent des tumeurs de grande taille (tumeurs osseuses du visage, lymphomes du cou, strucures, chéloïdes de grande taille), des contractures dues à des brûlures et des états terminaux d'infections tropicales. Les nourrissons atteints de malformations congénitales ne réussissent généralement pas à s'adapter à la vie. Nos tâches prioritaires consistent à enlever les tumeurs faciales monstrueuses et à les réparer, ainsi qu'à résoudre les contractures extrêmes dues aux brûlures.
Ces contractures surviennent après des brûlures de troisième degré, lorsque les enfants en bas âge tombent dans un feu de bois ou y sont poussés par des animaux. Cependant, les brûlures de second degré sont plus fréquentes lorsque les jeunes enfants se hissent sur une bouilloire d'eau bouillante. La thérapie immédiate par l'eau froide est la meilleure solution dans le monde entier

largement inconnue, car toute eau à moins de 37 degrés élimine tout aussi rapidement la chaleur de la combustion à plus de 70 degrés. Là où les enfants jouent, un seau d'eau devrait être placé à côté de chaque foyer.¹.
Malgré les très bons soins postopératoires prodigués par les collègues locaux, nous manquons souvent de résultats opératoires ultérieurs, car de nombreux patients retournent dans la brousse immédiatement après l'opération. L'information et la prévention pourraient parfois éviter les cicatrices de brûlures défigurées à vie. Voici quelques cas flagrants au Congo. Ils nécessitent beaucoup d'intuition, de flexibilité et d'improvisation dans des conditions de diagnostic et d'opération lacunaires. Mais c'est aussi ce qui rend ces interventions d'Interplast si intéressantes et instructives.

Études de cas

Patient présentant un neurofibrome typique au visage (Fig. 1a, b)
Ces tumeurs comptent parmi les plus difficiles à opérer plastiquement, car elles sont traversées par un réseau d'artères qui saignent abondamment et doivent donc être opérées de manière offensive et rapide. Malheureusement, la peau restante de la zone environnante est modifiée de manière tout aussi inélastique, de sorte que le résultat initialement satisfaisant oblige à une nouvelle opération après quelques années.

Patiente avec chéloïde unilatérale (fig. 2a)
Cette patiente présente une chéloïde unilatérale en croissance depuis sept ans, mais qui a cessé de croître depuis deux ans. Cliniquement, elle est « mûre », c'est-à-dire qu'elle n'est plus rebondie mais compressible, et peut donc être enlevée chirurgicalement - avec de la triamcinolone dans le dos. Le résultat après un an sans récidive (fig. 2b) était prévisible, car les chéloïdes unilatérales de l'oreille ne se forment pas par « prédisposition », mais sur le terrain d'infections - comme toutes les chéloïdes ! - et peuvent être enlevées sans problème à l'état « mûr » ou même « brûlé ».².

Patient avec des lèvres mutilées (Fig.3a-c)
Deux chercheurs d'or privés qui ont été capturés par des rebelles et qui ont nié posséder de l'or. Les rebelles leur ont alors coupé les huit doigts longs et les deux oreilles. Lorsque quelques pépites d'or ont été trouvées, les rebelles leur ont également coupé les lèvres - pour qu'ils ne puissent plus jamais mentir. On a miné les deux joues et on les a resserrées vers le milieu. La lèvre inférieure a été créée en inversant le lobe de visée du cou.³.

Mains contractées chez les enfants (Fig. 4a,b)
En l'absence de greffe de peau, le corps répond aux brûlures de troisième degré ou aux échaudages en rétrécissant de plus en plus la peau saine qui l'entoure et en réduisant ainsi la surface brûlée. Chez les enfants, les mains ainsi contractées peuvent être étirées sans problème, car il n'y a pas encore de raidissement osseux et les tendons extenseurs ne sont généralement pas brûlés. Dans les pays en développement, il s'agit généralement de brûlures de deuxième degré primaire qui s'infectent dans les semaines qui suivent et se convertissent alors en défauts de troisième degré.

Patiente présentant un éléphantiasis unilatéral (Fig.5a-c)
Jeune femme souffrant d'une éléphantiasis unilatérale, probablement due à l'intrusion de filaires remontant dans les vaisseaux lymphatiques et se multipliant. Après excision de toute la peau atteinte, le dermatome apporté et un « mesher » ont permis de couvrir le grand défaut avec une peau fendue « mesh », en grande partie de la même jambe.

Conclusion
Dans les pays en voie de développement, où il n'y a souvent pas de chirurgiens expérimentés, les tumeurs cutanées et osseuses se développent souvent de façon anarchique. Les équipes d'Interplast opérant sur place peuvent donc acquérir une grande expérience en peu de temps, y compris dans la reconstruction simple après l'ablation de telles tumeurs.
La formation continue en chirurgie plastique étant à la traîne dans ces pays, l'Afrique continuera à avoir besoin de soutien dans les décennies à venir.

Literatur

1. Köhnlein HE, Lemperle G. Experimentelle Untersuchungen und klinische Beobachtungen zur Kaltwasserhehandlung bei frischen Verbrennungen. Chirurgia plastica (Berlin)
   1972;1:216-221.
2. Lemperle G, Schierle J, Kitoga E et al Keloids - which types can be excised without risk of recurrence. A new clinical classification. Plast Reconstr Surg Glob Open
   2020;8:e2582
3. Charpentier A, Lemperle G, Simultaneous total upper and lower lip reconstruction during a humanitarian surgical mission to Africa. European Journal of Plastic Surgery
   2017;40--79-82.

Korrespondenzadresse
Katja Kassem-Trautmann
Fachärztin für Plastische, Rekonstruktive und Ästhetische Chirurgie (FMH)
Bahnhofstrasse 32
6300 Zug, Suisse
E-Mail: plastische-chirurgie-zug@hin.ch
www.plastische-chirurgie-zug.ch

Cet article est basé sur une présentation faite lors du 7ème symposium en ligne sur les cicatrices organisé par la société Juzo le 24 février 2020.